Entre 1870 et 1914, l’Europe traverse une période marquée à la fois par un profond optimisme culturel et par une expansion coloniale sans précédent. Cette ère, souvent désignée comme la Belle Époque, peut être découpée en plusieurs étapes successives.Dans les années 1870-1879, l’Europe panse les blessures de la guerre franco-prussienne. En France, la Troisième République s’installe après la chute du Second Empire et la violente répression de la Commune de Paris. Tandis que l’Allemagne unifiée s’affirme comme une puissance nouvelle, les grandes puissances commencent à étendre leur influence coloniale, notamment en Afrique. Sur le plan artistique, l’impressionnisme émerge, amorçant un renouvellement des formes.
La décennie 1880-1889 est marquée par l’accélération de la conquête coloniale. La Conférence de Berlin, en 1884-1885, formalise le partage du continent africain entre puissances européennes. En France, les lois Ferry instaurent une école laïque, gratuite et obligatoire. L’industrie progresse rapidement, et Paris célèbre ces avancées techniques avec l’Exposition universelle de 1889, dominée par la toute nouvelle Tour Eiffel.
Durant les années 1890-1899, les empires coloniaux atteignent leur apogée. Mais les rivalités grandissent, comme en témoigne la crise de Fachoda en 1898 entre Français et Britanniques. L’affaire Dreyfus divise profondément la société française, révélant une fracture politique et morale. Pendant ce temps, les arts se renouvellent avec l’apparition de l’Art nouveau, et la littérature explore les thèmes du doute et du déclin.
La période 1900-1907 représente l’apogée de la Belle Époque. Les villes se modernisent, la vie quotidienne est transformée par les progrès de l’automobile, de l’électricité, du téléphone et du cinéma. La France, comme d’autres puissances, contrôle de vastes territoires d’outre-mer. L’Exposition universelle de 1900 à Paris célèbre cette confiance en la modernité. L’Art nouveau s’épanouit dans l’architecture, les arts décoratifs et l’affiche.
Enfin, entre 1908 et 1914, l’insouciance cède peu à peu la place aux inquiétudes. Les tensions s’intensifient en Europe avec la crise bosniaque et les guerres balkaniques. Les alliances militaires se solidifient. Dans les colonies, des mouvements de résistance apparaissent, violemment réprimés. Sur le plan culturel, l’Art nouveau cède sa place à des formes plus audacieuses comme le cubisme, et les avant-gardes artistiques bousculent les conventions.
Ainsi, entre espoir et domination, la période 1870-1914 voit l’Europe briller par ses progrès, tout en jetant les bases des grands conflits du XXe siècle.